Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/55

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de l’appeler : « maman ! » et qu’elle pleurait quand je l’embrassais, je sais bien que c’était ma mère… Tenez, elle s’asseyait toujours là, dans ce coin sombre, et elle venait à la tombée du jour, quand on n’avait pas encore allumé, dans le parloir… En arrivant, elle déposait, sur le rebord de cette fenêtre, un gros paquet blanc, entouré d’une ficelle rose. C’était une brioche. J’adore les brioches, Sainclair !…

Et Rouletabille ne put plus se retenir. Il s’accouda à la cheminée et il pleura, pleura… Quand il fut un peu soulagé, il releva la tête, me regarda et me sourit tristement. Et puis, il s’assit, très las. Je n’avais garde de lui adresser la parole. Je sentais si bien que ce n’était pas avec moi qu’il causait, mais avec ses souvenirs…

Je le vis qui sortait de sa poitrine la lettre que je lui avais remise et, les mains tremblantes, il la décacheta. Il la lut lentement. Soudain, sa main retomba, et il poussa un gémissement. Lui, tout à l’heure si rouge était devenu si pâle… si pâle qu’on eût dit que tout son sang s’était retiré de son cœur. Je fis un mouvement, mais son geste m’interdit de l’approcher. Et puis, il ferma les yeux.

J’aurais pu croire qu’il dormait. Je m’éloignai tout doucement alors, sur la pointe des pieds, comme on fait dans la chambre d’un