Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/66

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avait pu croire, en effet, qu’il était un voleur, mais depuis qu’il s’imaginait avoir la certitude ― imagination trop fondée, hélas ! ― du lien naturel et légal qui l’unissait à Larsan, quelle douleur, quelle peine infinie devait être la sienne ! Sa mère, en apprenant l’événement, avait dû penser que les criminels instincts du père revivraient dans le fils et peut-être… ― et peut-être ― idée plus cruelle que la mort elle-même, s’était-elle réjouie de sa mort !

Car il passa pour mort. On retrouva toutes les traces de sa fuite jusqu’au canal, et on repêcha son béret. En réalité, comment vécut-il ? De la façon la plus singulière. Au sortir de son bain et, bien décidé à fuir le pays, ce gamin, que l’on recherchait partout, dans le canal et hors du canal, imagina une façon bien originale de traverser toute la contrée sans être inquiété. Cependant, il n’avait pas lu la Lettre volée. Son génie le servit. Il raisonna, comme toujours. Il connaissait, pour les avoir entendu souvent raconter, ces histoires de gamins, petits diables et mauvaises têtes, qui se sauvaient de chez leurs parents pour courir les aventures, se cachant le jour dans les champs et dans les bois, marchant la nuit, et vite retrouvés d’ailleurs par les gendarmes ou forcés de revenir au logis parce qu’ils manquaient bientôt de tout et qu’ils n’osaient demander à manger au