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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/137

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— Bientôt.

— Et en attendant, que faut-il faire ?

— Rien, Liliane… rien…

— Où verrai-je mon frère, monsieur ? demanda Liliane, dans une fièvre grandissante.

— Chez moi… chez le comte de Teramo-Girgenti… le soir où, dans son hôtel des Champs-Élysées, il pendra la crémaillère… Ce sera une grande fête, Liliane, ajouta le comte, d’une voix que la jeune femme ne reconnut plus tout à coup… Une grande fête… pour les vivants… et pour les morts !…

VII

OÙ DIXMER COMMENCE À REGRETTER D’AVOIR MONTRÉ SON JEU

Quelques minutes plus tard, le comte et Liliane se retrouvaient dans la petite ruelle, où les attendait l’équipage dont Teramo-Girgenti avait fait don à la demi-mondaine.

Le comte referma la porte, donna la clef de la propriété à Liliane, lui dit que chaque fois qu’elle voudrait revenir en ces lieux elle n’avait qu’à faire connaître son désir à son cocher, enfin qu’il fallait qu’elle gardât son cocher, lequel lui serait aussi dévoué qu’il l’avait été pour lui-même.

Liliane écoutait le comte et semblait ne point l’entendre. Elle obéit comme une automate au geste de Teramo-Girgenti et se retrouva seule dans la voiture avant qu’elle eût eu le temps de s’en étonner.

— Chez Madame ! commanda le comte. Et n’oublie pas, Cassecou, cet après-midi, d’aller porter mon perroquet rue de Ponthieu !

La tête de Liliane se montra à la portière. Elle s’était déjà reprise à sourire au comte.

— Comment dites-vous que s’appelle cet homme ? fit-elle.

— Cassecou, madame…

— Joli nom pour un cocher !

Et elle envoya au vieillard un baiser désespéré…

L’équipage fila comme une flèche.

Le comte resta seul. Il revint, à pied, par ces rues presque désertes du quartier de l’Observatoire.

Au coin du boulevard du Montparnasse, le comte fut rejoint par une voiture de maître qui semblait l’attendre.

Il cria au cocher :

— Au Palais de Justice !

Et il se jeta dans le coupé.