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Page:Leroux - Le Roi Mystère.djvu/175

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première marche les objets qu’il avait attachés à sa ceinture, choisit l’un d’eux, qui était une lanterne sourde, et l’alluma.

La façade de la maison était entièrement plongée dans l’ombre. Le jeune homme promena le jet lumineux de sa lanterne sur cette façade. C’était un mur de briques troué au premier étage de trois fenêtres ; au rez-de-chaussée de deux fenêtres et d’une porte. Cette porte donnait naturellement sur le petit perron. Porte et fenêtres étaient hermétiquement closes. Il y avait des volets à toutes les ouvertures. En se penchant sur le perron, qui offrait une assez large cavité, Robert Pascal découvrit des ustensiles de jardinier, une pelle, une bêche, des outils de maçon, une truelle, et même un outil de terrassier, une pioche.

Il gravit les quatre marches du perron et fut devant la porte. Il déposa sa lanterne sur la rampe et, comme il avait pris, encore avant de monter, parmi les objets apportés, une pince-monseigneur, il introduisit immédiatement celle-ci entre la porte et le mur, juste au-dessous de la serrure. La porte s’ouvrait en dedans et s’encastrait dans le mur, le jeune homme put donc user de sa pince très franchement comme d’un levier.

Il ne fallut point déployer une force excessive pour que la pince, à l’intérieur, fît bientôt sauter la gâche, et la porte s’ouvrit. Une odeur, à la fois forte et fade de « renfermé » vint d’abord surprendre désagréablement les narines de Robert Pascal. Il ne voyait rien. Il saisit sa lanterne, et c’est ainsi, une lanterne sourde dans une main et une pince-monseigneur dans l’autre, que le roi des Catacombes pénétra dans la petite maison de la rue des Saules…

R. C. se trouva tout de suite dans un étroit et assez long vestibule qui se terminait par un escalier montant au premier et unique étage. Une petite lucarne, sans volet, garnie de barreaux, donnait, tout au fond, sur cet escalier et laissait entrer un rayon de lune qui découpait un carré clair sur une marche. En dehors de ce petit carré blanc et du disque rouge que la lanterne sourde de Robert Pascal promenait sur les murs et sur le parquet, tout n’était que ténèbres. Trois portes ouvraient sur ce vestibule, deux à gauche, une à droite.

Le visiteur poussa la première porte qui s’offrait à lui à sa gauche. Et il entra dans une petite salle qui, tout d’abord, semblait ne devoir présenter à ses regards avides rien de bien intéressant. Ceci paraissait avoir été un fumoir et était meublé assez simplement de tables et de chaises en bambou. Des fauteuils en osier, un guéridon sur lequel se trouvait encore tout un service de fumeur. Le disque rouge de la lanterne découvrait peu à peu sur les murs tout une décoration de dessins plutôt légers, de femmes en toilette sommaire. Le crayon qui avait dessiné ces « nus » était celui d’un artiste.

Robert Pascal allait quitter cette pièce quand il trébucha dans une chaise longue, ou plutôt dans une corde qui était attachée à une chaise