Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/128

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— Mon Dieu ! monsieur Ordinal, nous avons appris cela comme tout le monde ?

— Comment, comme tout le monde ?

— S’fiche de nous ! siffla M. Souques dont l’amour-propre était au supplice et qui ne cessait de remuer fébrilement dans sa poche les menottes destinées à Hardigras…

— Mais oui ! comme tout le monde !… par les journaux !…

— Par les journaux !… s’exclama M. Ordinal qui pâlit à vue d’œil… Les journaux parlent de notre aventure ?…

— Ils en sont plein ! répondit innocemment Titin…

— Voilà ! fit Babazouk en sortant de sa poche deux journaux de Paris arrivés dans la soirée…

Et il les déploya. Les agents se jetèrent dessus, et ils furent éblouis tout de suite par une manchette qui ne leur laissa aucun doute sur leur malheur : « Extraordinaire et déplorable aventure survenue à deux agents réputés de la Sûreté générale. »

Dans le moment, ils n’eurent point la force de lire plus avant ; ils se regardèrent avec désespoir.

— Nous aurons notre tour !… fit entendre la voix assourdie et menaçante de M. Ordinal.

— Oui, fit M. Souques…

Et ils ne dirent plus rien !…

Ce fut Titin qui continua :

— La position de ces messieurs n’est pas drôle… Je parle maintenant sérieusement… Hardigras leur a sauvé la vie malgré eux et les a envoyés à Naples sans leur consentement. Cela mérite châtiment… Ils ne man-