Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/149

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Cages) lui jetait, furieux, Titin… tu seras toujours aussi bête, Nathalie !

Il la plantait là et retourna peindre, lui, les murs de l’épicerie de la mère Bibi, où s’étalait son talent de frescateur.

Car Titin avait encore ce métier-là : il était « artisse » !… Il en avait pris le goût chez son ami Giaousé, qui n’était point malhabile dans le maniement du pinceau et qui avait peuplé de fleurs, de fruits et de petits oiseaux tous les murs et plafonds de la Fourca-Nova.

Titin trouvait les heures longues que n’égayait plus la présence de Toinetta et il avait commencé de badigeonner à la Fourca les murs de la modeste boutique de la mère Bibi.

Le comptoir lui-même avait été décoré : il n’était point jusqu’aux tiroirs qui ne fussent agréables à regarder, avec leurs motifs de fleurs, de fruits, de verdure…

Et tout cela d’une facture si brutale, si primaire dans son éclat que les bourgeois en villégiature en riaient, trouvant qu’il fallait être fol comme Titin pour dépenser tant de couleurs dans une pauvre petite boutique où l’on eût mieux fait d’en vendre !

Il y avait surtout, sur le mur du fond, un village pyramidal dont les cubes enchevêtrés et mal équilibrés, traités avec un relief d’ombres et de clartés à faire honte à l’école espagnole avaient la prétention de représenter la vieille Fourca.

Un membre du « club artistique » de Nice, qui passait par là avait voulu voir, lui aussi, ce singulier « musée » où l’art voisinait avec la cannelle et les berlingots et il avait stupé-