Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/168

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toi ici-bas, elle serait bien contente, cette pauvre Tina, là-haut !

— Oh ! vous avez, déjà tant fait pour moi, monsieur Papajeudi !…

— Mais non ! mais non ! Voilà, j’ai fait venir mon notaire… Je lui ai dit : Je vais mourir, il faut que je répare une faute… une faute de jeunesse. J’ai un fils, personne ne le sait, pas même lui, je voudrais lui laisser de quoi s’établir. Sans que Mme Papajeudi en sache rien, même après ma mort, car ce fils, je l’ai eu étant marié, et que je ne veux pas que ma femme et mes filles maudissent ma mémoire. Que dois-je faire ? Sais-tu ce qu’il m’a répondu ?

— Qu’on peut toujours s’arranger… murmura Titin.

— Il m’a répondu qu’il n’y avait rien à faire, que Mme Papajeudi et moi nous étions mariés sous le régime de la communauté et qu’on ne pourrait dissimuler un legs pareil. Il m’a dit que je porterais du même coup un grave préjudice à mes filles, préjudice matériel et surtout moral. Et ça dans le moment même où elles allaient se marier !… Voilà, mon bon Titin ce qu’il m’a répondu, le notaire !…

Alors, que veux-tu, je n’ai pas voulu que l’honorable Mme Papajeudi et ses filles soient victimes de ce qu’a pu faire un misérable comme moi, car je suis un misérable, Titin !…

— Oui, dit Titin. Oui, monsieur Papajeudi vous êtes une vieille, crapule !

Et il se leva. L’autre tendit vers lui ses bras désespérés :

— Qu’est-ce que tu vas faire ?… Tout ça, c’est de la faute au notaire, je t’assure !…