Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/172

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Et Titin se jeta dans l’escalier, sacrant comme un damné et en tâtant dans sa poche un couteau qui ne tarderait point certainement à faire quelques boutonnières supplémentaires dans les habits tout neufs que le seigneur Hippothadée s’était fait offrir par Mme la comtesse d’Azila à l’occasion de ses fiançailles avec Mlle Antoinette Agagnosc…

À tout hasard, et peut-être conduit par un sûr instinct qui réapparaissait dans ces moments de surexaltation, il courut d’une traite au nouvel appartement que le prince Hippothadée avait loué avec les deniers de M. Supia dans un des plus somptueux immeubles de la Promenade des Anglais.

Dès le vestibule, il se heurta à des ouvriers tapissiers, décorateurs ébénistes, qui se rangèrent, épouvantés devant cette figure effroyable dans laquelle ils avaient peine à reconnaître le bon Titin.

Il voulut pousser une porte. Un larbin se présenta. Ce domestique prononça quelques mots que personne n’entendit et alla rejoindre presque aussitôt sur le palier, où Titin le projeta avec effraction, les ouvriers qui fuyaient déjà ce lieu de malheur.

Titin était sûr que le prince était là. Il y était en effet, et très étonné de tout ce bruit que l’on faisait dans son antichambre. Quand il aperçut Titin, il comprit qu’il allait se passer quelque chose sur quoi il ne comptait pas, et qu’il touchait peut-être à l’une des heures les plus graves de sa vie.

Mais ce Transalbanais en avait tant vu et il était revenu parfois de si loin qu’il ne perdit nullement la tête. Au contraire, voyant en