Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/173

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face de lui un ennemi désordonné, il fit appel à tout son sang-froid.

— Je vous demande pardon, monsieur, dit Titin, de m’être présenté chez vous sans m’être fait annoncer… mais je viens pour une affaire si pressée que j’ai cru pouvoir passer par dessus les civilités usuelles… Monsieur, je suis Titin-le-Bastardon, je suis venu vous dire que je veux vous tuer.

Si le calme du prince était impressionnant, celui de Titin était terrible.

Hippothadée ne put s’empêcher de tressaillir, mais il se remit vite, ajusta son monocle, toisa Titin des pieds à la tête et demanda :

— Me tuer, monsieur ?… ou m’assassiner ?

— Vous assassiner, monsieur ! Vous assassiner ! Je sais que vous êtes brave et fort habile à manier l’épée, le pistolet, le sabre, aussi je ne me risquerai point à vous accorder un avantage dont vous pourriez tirer profit à mes dépens. Je vais vous assassiner, tout simplement parce qu’on ne se bat pas en duel avec un homme comme vous !…

— Qui vous fait peur !…

— Titin-le-Bastardon n’a peur de personne ! Seulement, il ne veut pas être dupe et sa générosité naturelle ne permettra pas à une crapule de votre espèce de lui passer sur le corps pour que vous puissiez tranquillement continuer vos petits exploits…

Le prince s’était sournoisement rapproché du mur où se trouvait un bouton d’appel électrique. Enfin, il avait manœuvré de telle sorte qu’une table-bureau se trouvait entre lui et Titin…

— Monsieur ! dit-il de sa voix la plus douce,