Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/177

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que nous restions bons amis, entendez par là : si vous voulez que Titin-le-Bastardon ne se mêle point directement de vos petites affaires, je viens vous demander de renoncer de vous-même à la main de Mlle Agagnosc !

— Eh ! monsieur Titin, si je vous disais que le charme que dégage Mlle Agagnosc a fait de moi un homme nouveau ! Si je vous disais que je me sens de force à la rendre heureuse !… et que j’aime ma fiancée !… Comprenez-vous que, dans ces conditions, il m’est bien difficile…

— Non ! interrompit brutalement Titin !… Non ! cela ne suffit pas !

— Et si je vous disais que Mlle Agagnosc m’aime ?

Titin sursauta. Mais il parvint à se calmer et répliqua, la voix rauque :

— Je ne vous croirais pas, monsieur !

— Vous auriez tort, je vous assure que nous faisons les plus gentils fiancés du monde. Maintenant, monsieur, en voilà assez ! Vous étiez venu pour me tuer. Tuez-moi ou laissez-moi aller m’habiller ! Mlle Agagnosc m’attend avec la digne Mme Supia et sa charmante fille. Je dois conduire ces dames dans le monde !…

Titin se leva : il était redevenu très calme.

— Ce mariage ne se fera pas !… J’ai un compte à régler avec la Transalbanie ! J’apprendrai au monde ce que c’est qu’un monsieur Hippothadée et je salirai si bien votre blason, et le mien, ajouta-t-il avec un sourire où se retrouvait tout le sarcasme redoutable qu’un grand seigneur seul — ou son bâtard — peut mettre dans un sourire, que M. Supia lui-mê-