Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/203

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et, en entrant, ils avaient serré la main de Titin. Mais qui ne serrait point la main de Titin ?

Quelques instants plus tard, un mouvement insolite se produisait dans la rue. Les barrages d’agents avaient toutes les peines du monde à se maintenir contre la poussée de la foule qui voulait voir de près la sortie des invités.

Car on sortait de la mairie.

La cérémonie civile était en effet remise à l’après-midi et le mariage à l’église aurait lieu le lendemain.

Chacun voulait voir la tête des Supia, celle d’Hippothadée et surtout la figure que faisait Toinetta.

Celle-ci parut bientôt, elle ne semblait point se faire de mauvais sang : au contraire, on la trouva autrement plaisante à ce départ qu’à son arrivée, et, pour tout dire, cette cérémonie manquée rallumait dans ses yeux une flamme malicieuse, qui, pendant ces dernières heures, paraissait éteinte.

Le chauffeur, à son volant, appuya sur la mise en marche.

Le valet de pied, roide comme un cierge, ouvrait la portière.

Antoinette monta.

Était-ce distraction du valet ? La portière se referma immédiatement.

M. Supia, stupéfait, voulait faire entendre une protestation, mais il n’en eut pas le temps. Dans le même moment, la foule avait brisé de part et d’autre le barrage des agents. Un flot de joyeux énergumènes comme il s’en trouve toujours dans la coulisse des cérémonies les plus sensationnelles, à l’affût de la moindre