Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/204

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occasion pour apporter un trouble qui les amuse au milieu des plus belles ordonnances, déferla avec une force irrésistible et se répandit autour des voitures.

Les nommés Tantifla, Bouta, Aiguardente et Pistafun se distinguaient entre tous autres par l’entrain avec lequel ils écrasaient tout ce qui leur résistait.

Pendant ce temps, le chauffeur démarrait au milieu du tumulte.

Alors, comme il levait la tête, on s’aperçut qu’il portait sous sa casquette un masque qui n’était plus inconnu des Niçois… Et un cri jaillit de toutes les poitrines : « Hardigras ! Hardigras ! »…

Oui, c’était Hardigras qui enlevait la mariée.

Devant lui, la foule s’était ouverte comme sur un mot d’ordre, et quand il fut passé, cette même foule se referma, présentant un barrage que les autos policières de MM. Souques et Ordinal (cette dernière sans M. Ordinal) ne parvinrent pas à briser, cette fois ! Il eût fallu écraser tout le monde !

Quand la place fut enfin dégagée, l’auto de la mariée et ce brigand de Hardigras étaient déjà loin !…

On retrouva l’auto nuptiale, au cours de l’après-midi, dans un coin de la campagne niçoise des plus pittoresques mais assez désert appelé « le Vallon obscur ». La mariée ne s’y trouvait plus, naturellement.

Sur ces entrefaites, M. le maire et son adjoint rentrèrent dans leur bonne ville après un excellent déjeuner dans un cabanon des bords du Loup où ils avaient été conduits, sans qu’ils