Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nissa » exposait les masques, costumes, dominos et autres déguisements de circonstance avec un luxe et une abondance qui faisaient se bousculer une foule toujours avide de ces oripeaux annonciateurs de réjouissances populaires. Dans la crainte de Hardigras, toutes ces merveilles étaient, le soir, soigneusement, rangées et enfermées dans des caisses jusqu’au lendemain matin.

Une bannière magnifique digne de faire pendant à celle de Carnaval lui-même et qui devait flotter glorieusement jusqu’à la mi-carême dans le hall central de la « Bella Nissa », attirait tous les regards. Elle était aux couleurs de la redoute et on y lisait en lettres d’or cette inscription mirifique : « Mardi Gras n’est pas mort ! »

Or, ce soir-là, M. Morelli décida qu’on ne « rangerait » ni masques, ni costumes, ni bannière, sous prétexte que le meilleur de la matinée passait à reconstituer une exposition qui exigeait l’emploi d’un nombreux personnel. À la vérité « Sa Majesté » pensait que Hardigras ne résisterait pas à la tentation de s’offrir quelques hochets à la veille d’une fête de cette importance et qu’il y voudrait briller sous les plus avantageux atours sans avoir à délier les cordons de sa bourse.

M. Morelli prit toutes les précautions désirables, et ses quatre hercules furent placés de telle sorte que nul ne pouvait leur échapper qui se glisserait dans le domaine tentateur. Lui-même prit la direction des opérations nocturnes. À neuf heures du soir, chacun était à son poste.

Avant de s’y rendre, le chef du personnel