Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/318

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« Novi » en cinq sec, tout « palikare » que vous êtes !… Je tiens à votre amitié, bien que vous ne le méritiez point, grand chenapan ! et j’ai préféré vous avancer encore une fois de l’argent ! quitte, naturellement, à opérer une petite retenue sur la somme que j’ai à vous verser tous les mois. Dame, la retenue faite, il ne vous reste pas lourd pour le ménage ! Mais à qui la faute ? Quoi qu’il en soit, je ne demanderais pas mieux que de vous venir en aide, soyez-en persuadé. Cela ne sert à rien d’étrangler les gens et ça n’a jamais été dans ma manière ! Encore faut-il que je ne me trouve pas en face d’un fou qui commence par me traiter de… de « pezevengh » ! Je ne comprends pas bien ce que cela veut dire, mais ça ne doit pas être joli, joli, et chacun a son petit amour-propre !

Le prince ne l’avait pas interrompu. Il l’écoutait, l’examinait, se demandait où le vieil avare voulait en venir, car il avait déjà eu plusieurs fois l’occasion de se rendre compte que jamais le « boïa » n’était aussi redoutable que lorsqu’il prenait ce ton bonhomme.

Enfin, Hippothadée s’interrogeait, cherchant par où l’ex-tuteur de la princesse de Transalbanie pouvait bien le tenir… Il lui avait parlé d’escroquerie, de prison. Tout cela n’était guère rassurant, surtout pour un grand seigneur qui a accoutumé de ne point s’embarrasser d’une comptabilité rigoureuse où se satisfait la morale vulgaire et prudente de la petite bourgeoisie. Soudain, il crut avoir trouvé.

— Que le grand Hippothadée me pardonne !