Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/39

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possible entre un magistrat comme moi et un homme comme Hardigras…

– J’aime à vous l’entendre dire.

– Mais c’est une considération qu’un homme comme vous aurait peut-être tort de repousser dans les circonstances que nous traversons…

– Ah ! par exemple !… moi, avec ce bandit !…

– Allons bon !… voici déjà les grands mots… Un bandit ! La nuit dernière, il n’a pas agi comme un bandit et je n’en veux pour preuve que la sympathie de la foule qui augmente tous les jours pour Hardigras…

– La sympathie de la foule ! glapit M. Supia. De quelle foule parlez-vous donc, monsieur le commissaire ?

– Oh ! d’une foule pas très reluisante, c’est entendu !… mais pas bien méchante non plus, allez ; de celle qui aime les bonnes farces et les mauvais tours, qui se plaît à voir rosser le commissaire, je la connais… et vous aussi, monsieur Supia, vous la connaissez, car elle constitue la clientèle la plus solide de votre bonne vieille maison… Eh bien ! c’est la complicité de cette foule-là que je trouve redoutable !… Et j’ai pensé que si l’on faisait entendre à Hardigras que la plaisanterie a suffisamment duré…

– Vous appelez cela une plaisanterie ! râla M. Supia…

Dans son indignation, il alla chercher aide et assistance auprès des deux inspecteurs, mais ceux-ci continuaient à fixer imperturba-