Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/395

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un autre visage, ce dont ses gardiens ne furent qu’à moitié rassurés.

Il y avait surtout deux Corses qui paraissaient fort méfiants : Paolo Ricci et Pietro Peruggia, le chef des gardes. Dès le troisième jour, il parvint à les dérider.

Entre deux coups de cartes, on échangeait quelques propos. Il sut ainsi que la ville n’était occupée que de lui et qu’un revirement se faisait en sa faveur. L’ex-commissaire de police Bezaudin, dont la déposition en cour d’assises lui avait été entièrement favorable, essayait de faire surgir un fait nouveau. Il avait trouvé des experts en écritures dont les conclusions avaient été diamétralement opposées à celles des experts officiels.

— Vous verrez ! faisait Titin en riant, qu’on finira par prouver mon innocence quand on m’aura coupé le cou !

C’est sur ces entrefaites que Titin reçut la visite inattendue du procureur de la République, du juge d’Instruction et… d’Odon Odonovitch.

Le cher seigneur paraissait fort triste ; il se jeta au cou de Titin, les larmes aux yeux.

— Ah ! monseigneur ! Quel coup pour la Transalbanie ! s’écria le comte Valdar. Moi qui étais si heureux de vous apporter une bonne nouvelle : votre glorieux père est mort !

— C’est ce que vous appelez une bonne nouvelle, mon cher comte, releva Titin, me prenez-vous pour un fils dénaturé ?

— Titin ! fit le procureur, nous avons voulu qu’avant de mourir, vous appreniez de la bouche du comte que le prince Marie-Hippothadée vous a reconnu et légitimé sur son lit de mort.