Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/42

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rait, lui, la provenance ? Dites un peu, monsieur le commissaire…

— Il ne s’agit point ici de M. Morelli ! Cet homme est au-dessus de tout soupçon.

— Oui, pour lui « on a coulé lessive », mais pour nous, tout de suite le « barilong » (le mur long, le bagne), et pourquoi, je vous dis, parce que l’on nous a ouvert de force le « gigier » (gésier).

— Taisez-vous, Tony Bouta ! et écoutez ce que vous dit cet excellent M. Supia. Là où je vois, moi, une aggravation de délit, il trouve, lui, le moyen de vous excuser ! Eh bien ! il faut lui prouver votre reconnaissance !

— Notre « reconnaissance » ! gémit Aiguardente, qué faut-il faire, « mestre », pour vous la prouver ?

— Messieurs, je ne vous demande point de m’indiquer où se trouve cet appartement où Hardigras accumule le fruit de ses rapines…

— Qué jé tombe du mal de la terre (du haut mal) si je m’en fais même l’idée ! fit entendre Tory Bouta, la main levée. Mais si jamais on me le souffle à l’oreille, je vous le saurai dire, mestre, ou que le « diaou » m’enterre !

— Et moi, protesta Tantifla, qué jé meure étique jusqu’au bout des ongles (phtisique) si jé mé doute où votre Hardigras il respire !…

— Qué jé né mange plus jamais une « estocafida », proclama Aiguardente ; qué jé né boive plus un coup de « blée » ; qué jé né fasse plus un « piccaresta à le boccia », (réussir un coup à la boule), si j’ai jamais su quelque chose de son domicile légal, familial et paternel.