Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— « Avaï » conclut Pistafun, nous ne sommes point mal plaisants, « mestre » ! mais Hardigras, nous ne le connaissons « ni en blanc ni en vert ! » (ni d’Ève ni d’Adam). Là-dessus, il ne faut point nous confusionner !… Nous avons été apportés devant lui, ficelés comme « saucissons » qué j’en ai encore les membres qui me lancent !… Le reste que l’on peut vous dire c’est des « estrabots » (des bobards).

M. Bezaudin laissa gravement tomber ces mots :

— Je ne vous le demande point parce que je le sais ! Ce matin même Hardigras serait au « Novi » (aux nouvelles prisons) si M. Hyacinthe Supia, dans son inépuisable bonté ne fût venu me supplier d’épargner un homme qui a sauvé ses magasins de la ruine et de l’incendie et qui, au péril de ses jours, a conservé à l’État deux de ses plus utiles serviteurs.

Ce disant, il se tournait vers MM. Ordinal et Souques qui avaient cessé de considérer le plafond pour fixer avec obstination le bout de leurs bottines.

— Certes ! continua le magistrat, ces messieurs, pas plus que moi-même ne sauraient entrer en composition avec un homme aussi coupable que Hardigras, lequel s’est placé, par ses fantaisies criminelles, en dehors de la société, mais il appartenait à celui qui a été seul lésé dans toute cette affaire de faire entendre la voix de la pitié. Je viens donc vous dire, à vous qui ne connaissez point le domicile de Hardigras, mais qui « par hasard » pourriez rencontrer cet aimable compagnon,