Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/450

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la tragédie continuait là-haut. Et rapidement ! Toton Robin avait été nommé président. Il avait mis la population au courant du drame, en quelques phases. À la porte haute, se dressaient déjà les cadavres du Bolacion et de la Tulipe, et maintenant c’était le tour de Giaousé.

Il s’était jeté à genoux. Il demandait grâce. Il appelait Titin à son secours.

Titin s’était levé, très pâle, tremblant comme un enfant.

— Pour lui, fit-il, je vous demande grâce ! Il s’est laissé entraîner !… Je ne peux pas oublier que nous nous sommes aimés comme deux frères. Et si vous m’aimez un peu, vous autres, souvenez-vous qu’il m’a sauvé la vie.

Mais aussitôt, derrière lui, une voix implacable s’éleva. C’était la voix de celle qui allait mourir et qui n’avait conservé un peu de force que pour assister au châtiment :

— C’est le plus coupable ! râla-t-elle, car les autres n’étaient point tes amis, mais celui-là qui était ton frère t’a trompé plus qu’il n’est permis au pire ennemi de tromper son pire ennemi ! S’il t’a sauvé la vie, Titin, c’est qu’il avait besoin que tu vives pour que l’on continue à croire que c’était toi qui commettais ses crimes… Et il ne t’a sorti de ta prison que pour que Hardigras continue à tuer ! Lui dis-tu toujours merci, Titin ?

À cette explication foudroyante une clameur épouvantable s’éleva. Giaousé fut porté à la potence comme d’autres sont portés en triomphe !

Quant à Titin, après avoir fait entendre le