Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/57

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— Après que nous serons mariés !… Quand je le plaquerai !…

— Hein ?… Est-ce que tu deviens folle ?…

— Je n’ai jamais été aussi raisonnable !… D’un côté, je fais tout ce que vous voulez et de l’autre, je vais, en le laissant tomber après le mariage, au-devant de son désir !… Je ne veux pas le gêner, moi, cet homme… Je vous le laisserai, puisque vous ne pouvez pas vous passer de lui, et je retournerai à la Fourca avec les chèvres de la mère Bibi !… Ah ! parrain, c’est à prendre ou à laisser !…

— Ça va ! ça va ! ma fille !… Après tout, tu seras mariée, tu feras ce que tu voudras… Ça regardera ton mari !…

— Dites donc, parrain ! C’est ma tante et ma cousine qui vont enrager !…

— Sans compter qu’elles auraient le droit d’être jalouses de toi ! Songe donc : princesse ! Va t’habiller ! va !… Ah ! petite !… dis-moi donc un peu… Qu’est-ce que c’est que cette idée que tu voulais me dire… Tu sais… à propos… à propos de ce diable de Hardigras !…

Antoinette éclata de rire :

— Ah ! vous y voilà donc !… Eh bien ! vous savez, vous mériteriez bien que je ne vous la dise pas, mon idée !… Et puis, non !… réflexion faite, je ne vous la dirai pas !… Je vais m’habiller parrain !…

— Antoinette !

— Ah ! ne me retenez pas ! Monseigneur pourrait arriver et je désire me mettre à mon avantage !…

— Antoinette !…

— Et puis, ce que je pense, vous ne le feriez pas.