de fleurs comme un jardin des mille et une nuits.
À part ces deux noms tragiques, tout n’était que sourire dans ce pays enchanté.
La Fourca-Nova, qui s’étend au pied de la vieille Fourca, est un lieu de villégiature. Les Delamarre y avaient une confortable maison carrée aux murs roses, au toit de tuiles, aux fenêtres ornées de quelques fresques à l’italienne. Un grand jardin, un potager, un verger, une basse-cour, tout cela autrefois bien vivant, aujourd’hui à peu près délaissé, achevaient de donner à la villa un caractère de plantureuse et gaie paysannerie qui n’avait pas eu le don cependant de séduire M. Supia, lequel penchait pour le genre château.
Cependant, comme les terrains augmentaient de valeur d’année en année, il avait conservé l’immeuble et ses dépendances. Bien mieux, il avait acheté, sous des noms divers, les clos adjacents, et c’est ainsi que, par un marché où la mère Bibi n’avait vu que du feu et qui n’était qu’un vol déguisé, il s’était emparé d’une petite ferme que le défunt époux de cette honnête paysanne avait mis vingt ans à acquérir.
Depuis, la mère Bibi avait dû habiter une cabane dans laquelle elle s’était réfugiée pendant la guerre, avec ses deux chèvres. Au retour des tranchées, Titin-le-Bastardon, son enfant adoptif, qui n’avait pas un sou en poche, mais dont l’esprit fertile n’était jamais à bout de ressources, lui avait procuré une petite épicerie dans la rue qui joignait la vieille Fourca-Nova à la nouvelle.
Titin-le-Bastardon ne passait jamais devant