Page:Leroux - Le fils de trois pères, Baudinière, 1926.djvu/87

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au temps des premières culottes et même des premières parties de boccia ; du reste ils en étaient fiers maintenant et auraient plutôt inventé une raclée de leur camarade.

On ne pouvait pas dire que Titin fût beau, mais il avait des yeux magnifiques, deux belles billes noires qui brillaient entre de longs cils. La bouche était un peu large, la lèvre retroussée sur des dents éclatantes, tout le reste disparaissait dans l’épanouissement du sourire. Il suffisait de l’avoir vu une fois pour dire : « En voilà un qui est heureux d’être sur la terre !… »

Quand ses amis lui parlaient de prendre femme, il pouffait.

— Les ménages, disait-il, ne sont que batailles !… Avec eux, il n’y a plus ni commodités, ni délices, et c’en est fini de tous les honnêtes plaisirs, qui sont : bien boire, bien manger, et ne point se soucier.

— Eh ! lui répliquait-on, Titin, tu prêches la fin du monde !

— Que non ! La bonne nature qui a tout mis « bas » n’a point enfanté le mariage ! surtout dans notre pays de clair matin où les hommes laissent tout faire à leurs femmes, ce qui est injuste et m’empêcherait de dormir.