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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

M. Stangerson de coucher dans le salon de sa fille, puisque sa fille a peur ? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui était tout à l’heure sur la table de la chambre « n’y est plus » ?… Celui qui comprendra cela dira : Mlle Stangerson savait que l’assassin devait revenir… elle ne pouvait l’empêcher de revenir… elle n’a prévenu personne parce qu’il faut que l’assassin reste inconnu… inconnu de son père, inconnu de tous… excepté de Robert Darzac. Car M. Darzac doit le connaître maintenant… Il le connaissait peut-être avant ? Se rappeler la phrase du jardin de l’Élysée : « Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime ? » Contre qui, le crime, sinon « contre l’obstacle », contre l’assassin ? Se rappeler encore cette phrase de M. Darzac en réponse à ma question. « Cela ne vous déplairait-il point que je découvre l’assassin ? » – « Ah ! Je voudrais le tuer de ma main ! » Et je lui ai répliqué : « Vous n’avez pas répondu à ma question ! » Ce qui était vrai. En vérité, M. Darzac connaît si bien l’assassin qu’il a peur que je le découvre, « tout en voulant le tuer ». Il n’a facilité mon enquête que pour deux raisons : d’abord parce que je l’y ai forcé ; ensuite, pour mieux veiller sur elle…

Je suis dans la chambre… dans sa chambre… Je la regarde, elle… et je regarde aussi la place où était la lettre tout à l’heure… Mlle Stangerson s’est emparée de la lettre ; cette lettre était pour elle, évidemment… Ah ! comme la malheureuse trem-