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LA GALERIE INEXPLICABLE

ble… Elle tremble au récit fantastique que son père lui fait de la présence de l’assassin dans sa chambre et de la poursuite dont il a été l’objet… Mais il est visible… il est visible qu’elle n’est tout à fait rassurée que lorsqu’on lui affirme que l’assassin, par un sortilège inouï, a pu nous échapper.

Et puis il y a un silence… Quel silence !… Nous sommes tous là, à « la » regarder… Son père, Larsan, le père Jacques et moi… Quelles pensées roulent dans ce silence autour d’elle ?… Après l’événement de ce soir, après le mystère de la « galerie inexplicable », après cette réalité prodigieuse de l’installation de l’assassin dans sa chambre, à elle, il me semble que toutes les pensées, toutes, depuis celles qui se traînent sous le crâne du père Jacques, jusqu’à celles qui « naissent » sous le crâne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces mots qu’on lui adresserait, à elle : « Oh ! toi qui connais le mystère, explique-le-nous, et nous te sauverons peut-être ! » Ah ! comme je voudrais la sauver… d’elle-même et de l’autre !… J’en pleure… Oui, je sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si horriblement cachée.

Elle est là, celle qui a le parfum de « la dame en noir »… je la vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle n’a pas voulu me recevoir… dans cette chambre « où elle se tait », où elle continue de se taire. Depuis l’heure fatale de la « Chambre Jaune », nous tournons autour