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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment et n’hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais toujours « comme une savate ».

« Que dis-je ? comme une savate ! Vous raisonnez comme Frédéric Larsan ! »

Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives d’admiration et de dédain pour Frédéric Larsan ; tantôt il s’écriait : « Il est vraiment fort ! » tantôt il gémissait : « Quelle brute ! » selon que – et je l’avais bien remarqué – selon que les découvertes de Frédéric Larsan venaient corroborer son raisonnement à lui ou qu’elles le contredisaient. C’était un des petits côtés du noble caractère de cet enfant étrange.

Nous nous étions levés et il m’entraîna dans le parc. Comme nous nous trouvions dans la cour d’honneur, nous dirigeant vers la sortie, un bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner la tête, et nous vîmes au premier étage de l’aile gauche du château, à une fenêtre, une figure écarlate et entièrement rasée que je ne connaissais point.

« Tiens ! murmura Rouletabille, Arthur Rance ! »

Il baissa la tête, hâta sa marche, et je l’entendis qui disait entre ses dents :

« Il était donc cette nuit au château !… Qu’est-il venu y faire ? »

Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui était cet Arthur Rance, et comment il l’avait connu. Alors il me rappela son récit