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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/39

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ROULETABILLE M’OFFRE…

vait nous le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l’attitude de cette femme, quelque chose qui ne dénotait point le désespoir. Elle disparut dans sa cuisine pour préparer notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d’excellent cidre. Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l’alluma, et, tranquillement, m’expliqua enfin la raison qui l’avait déterminé à me faire venir au Glandier avec des revolvers.

« Oui, dit-il, en suivant d’un œil contemplateur les volutes de la fumée qu’il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, « j’attends, ce soir, l’assassin. »

Il y eut un petit silence que je n’eus garde d’interrompre, et il reprit :

« Hier soir, au moment où j’allais me mettre au lit, M. Robert Darzac frappa à la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me confia qu’il était dans la nécessité de se rendre, le lendemain matin, c’est-à-dire ce matin même, à Paris. La raison qui le déterminait à ce voyage était à la fois péremptoire et mystérieuse, péremptoire puisqu’il lui était impossible de ne pas faire ce voyage, et mystérieuse puisqu’il lui était aussi impossible de m’en dévoiler le but. « Je pars, et cependant, ajouta-t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce moment Mlle Stangerson. » Il ne me cacha point qu’il la croyait encore une fois en danger. « Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que je ne m’en étonnerais guère, avoua-t-il, et cependant il faut que je m’absente. Je ne pourrai