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UN GESTE DE Mlle STANGERSON

ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le préoccupait. Ainsi le soir arriva. J’étais tout étonné de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions auxquelles je m’attendais. Je lui en fis la remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. Il me répondit que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que l’assassin ne pouvait, cette fois, lui échapper. Comme j’émettais quelque doute, lui rappelant la disparition de l’homme dans la galerie, et faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il répliqua : « qu’il l’espérait bien, et que c’est tout ce qu’il désirait cette nuit-là. » Je n’insistais point, sachant par expérience combien mon insistance eût été vaine et déplacée. Il me confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, le château était surveillé de telle sorte que personne ne pût en approcher sans qu’il en fût averti ; et que, dans le cas où personne ne viendrait du dehors, il était bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner « ceux du dedans ».

Il était alors six heures et demie, à la montre qu’il tira de son gousset ; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune précaution, sans même essayer d’atténuer le bruit de ses pas, sans me recommander le silence, il me conduisit à travers la galerie ; nous atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes jusqu’au palier de l’escalier que nous traversâmes. Nous avons alors continué