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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/65

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À L’AFFUT

pières appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son cœur…

Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui avais vue tout à l’heure bouleversée. Il me dit :

« Il dort ! »

Et il m’entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la chambre de Larsan.

« Le narcotique ? demandai-je… Mlle Stangerson veut donc endormir tout le monde, ce soir ?…

– Peut-être… me répondit Rouletabille en songeant à autre chose.

– Mais nous !… nous ! m’exclamai-je. Qui me dit que nous n’avons pas avalé un pareil narcotique ?

– Vous sentez-vous indisposé ? me demanda Rouletabille avec sang-froid.

– Non, aucunement !

– Avez-vous envie de dormir ?

– En aucune façon…

– Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare. »

Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait offert ; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde.

Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu’à dix heures, sans qu’un mot fût prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures, il se déchaussa, me fit un signe et je com-