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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/67

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À L’AFFUT

pas vu à table, dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson.

Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m’y trouvais parfaitement. Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en plein jour. Évidemment, rien de ce qui allait s’y passer ne pouvait m’échapper. Mais qu’est-ce qui allait s’y passer ? Peut-être quelque chose de très grave. Nouveau souvenir inquiétant du baiser de Rouletabille. On n’embrasse ainsi ses amis que dans les grandes occasions ou quand ils vont courir un danger ! Je courais donc un danger ? Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j’attendis. Je ne suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche.

J’attendis une heure environ ; pendant cette heure, je ne remarquai rien d’anormal. Dehors, la pluie qui s’était mise à tomber violemment vers neuf heures du soir, avait cessé.

Mon ami m’avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit ou une heure du matin. Cependant il n’était pas plus d’onze heures et demie quand la porte de la chambre d’Arthur Rance s’ouvrit. J’en entendis le faible grincement sur ses gonds. On eût dit qu’elle était poussée de l’intérieur avec la plus grande précaution. La porte resta ouverte un instant qui me parut très long. Comme cette porte était ouverte, dans la galerie, c’est-à-dire poussée hors de la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait derrière la porte. À ce moment, je