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MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE

remarquai un bruit bizarre qui se répétait pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je n’avais pas attaché plus d’importance qu’on n’a coutume d’en attacher au miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières. Mais, cette troisième fois, le miaulement était si pur et si « spécial » que je me rappelai ce que j’avais entendu raconter du cri de la « Bête du Bon Dieu ». Comme ce cri avait accompagné, jusqu’à ce jour, tous les drames qui s’étaient déroulés au Glandier, je ne pus m’empêcher, à cette réflexion, d’avoir un frisson. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d’abord le reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot assez volumineux. L’homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot, se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Celui qui sortait, à cette heure, de la chambre d’Arthur Rance « était le garde ». C’était « l’homme vert ». Il avait ce costume que je lui avais vu sur la route, en face de l’auberge du « Donjon », le premier jour où j’étais venu au Glandier, et qu’il portait encore le matin même quand, sortant du château, nous l’avions rencontré, Rouletabille et moi. Aucun doute, c’était le garde. Je le vis fort distinctement. Il avait une figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. Comme le cri de la « Bête du Bon Dieu » retentissait au dehors pour la quatrième fois, il déposa son ballot dans la galerie et s’approcha de la seconde fenêtre, en