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Page:Leroux - Le mystère de la chambre jaune, 1932, Partie 2.djvu/69

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À L’AFFUT

comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. Je ne risquai aucun mouvement, car je craignais de trahir ma présence.

Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les vitraux dépolis, et regarda la nuit du parc. Il resta là une demi-minute. La nuit était claire, par intermittences, illuminée par une lune éclatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. « L’homme vert » leva le bras à deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point ; puis, s’éloignant de la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier.

Rouletabille m’avait dit : « Quand vous verrez quelque chose, dénouez l’embrasse. » Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose que Rouletabille attendait ? Ceci n’était point mon affaire et je n’avais qu’à exécuter la consigne qui m’avait été donnée. Je dénouai l’embrasse. Mon cœur battait à se rompre. L’homme atteignit le palier, mais à ma grande stupéfaction, comme je m’attendais à le voir continuer son chemin dans la galerie, aile droite, je l’aperçus qui descendait l’escalier conduisant au vestibule.

Que faire ? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était retombé sur la fenêtre. Le signal avait été donné, et je ne voyais pas apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint : personne n’apparut. J’étais perplexe. Une demi-heure s’écoula qui me parut un siècle. « Que faire maintenant, même si je voyais autre chose ? »