Page:Leroux - Mister Flow.djvu/275

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de la cour d’honneur s’était ouverte. Un homme se précipita. Son aspect était désordonné. Et il m’apparut tel que je n’eusse pu mieux l’imaginer si j’avais voulu me représenter l’habitant d’un pays sauvage et troublé par les tempêtes, avec les pommettes de ses joues fouettées perpétuellement par les vents, avec ses cheveux épars, avec sa voix forte aux notes dissonantes :

My god ! gémit Helena, il est mort !

Et elle se renversa presque dans mes bras. Cependant, les paroles que proférait le rustre la tendirent bientôt à elle-même :

— Milady ! Milady ! Le seigneur est sauvé !… Le seigneur est sauvé !…

— Le ciel soit béni ! murmura Helena. Oh ! mon ami, soupira-t-elle en se tournant vers moi, quand j’ai vu arriver Patrick, j’ai bien cru que tout était fini !

Je ne lui répondis point, car jamais l’inexplicable Helena ne m avait paru aussi impénétrable. Je me refusais d’emblée à croire à la sincérité de son désespoir. En quoi j’avais tort : je devais en avoir la preuve le jour même.

Nous ne fîmes que traverser la salle des gardes transformée en un immense et froid vestibule. Tout ce rez-de-chaussée n’avait guère été plus transformé à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Ce n’est qu’au premier étage que le luxe apparut, mais un luxe d’un autre siècle, avec des tentures aux couleurs effacées et des meubles sculptés peu confortables. Les tables, les crédences supportaient des urnes d’argent, des coupes énormes, des joyaux