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AU PIED DES ICONES

ma pensée ne fut étonnée de savoir tous ces temples trop petits encore pour le peuple qui s’y précipite.

Mme de Staël a dit de Moscou : « Voici la Rome tartare. » Quand la foi n’habitera plus la Rome italienne, elle trouvera son refuge à Moscou.

Par delà Moscou, j’apercevais le fleuve qui trace son large sillon dans les campagnes, et, laissant le peuple de la ville, je songeais au peuple des champs, et je me le rappelais plus prosterné encore devant Dieu et devant ses saints ; devant ses saints surtout.

Notre excursion au couvent de Troïtsa, à deux cents verstes de Moscou, au moment même du pèlerinage, nous a suffisamment édifiés à ce point de vue. Cette circonstance heureuse m’a permis d’étudier des spécimens de toutes les populations de l’empire. J’ai vu là non seulement le peuple de la province moscovite, qui avait tout abandonné pour venir prier aux pieds sacrés de saint Serge, mais encore de pauvres gens qui s’étaient donné rendez-vous autour des reliques saintes, des quatre coins de la Russie.

Je sais bien qu’il y a chez nous des pèlerinages, mais Lourdes nous a prouvé qu’on ne va plus aux lieux saints que lorsqu’on est dans la nécessité de s’y faire porter. Ici, la seule pensée de la prière a conduit vingt mille hommes.

Quand on arrive au haut de la colline qui domine le vallon au centre duquel, sur une éminence, s’élève la Troïtsa, on se croirait transporté