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L’« ORDRE »

jamais distinguer l’homme du maître, qui leur permet, en un mot, toute tyrannie sur la gent qui plaidoie.

J’ai dit la « gent », voulant indiquer par là l’innombrable foule noire de ceux qui ne sont pas encore « quelqu’un ».

Le jour où ils le deviendront, on les laissera en paix.

Et ils pousseront, ce jour-là, moins un soupir de soulagement qu’un cri de joie. Ils auront l’allégresse de penser qu’ils pourront enfin tracasser les autres et les faire trembler comme ils tremblèrent eux-mêmes.

Car c’est une chose curieuse à constater que cette corporation, qui ne manque jamais l’occasion de se proclamer libre et indépendante entre toutes, est bien celle où les membres jouissent le moins d’indépendance et de liberté.

C’est à n’y pas croire. On ne saurait se douter de la tyrannie de l’ordonnance de 1822. C’est au nom de l’ordonnance de 1822 que les membres du conseil exigent de vous des explications sur la dernière note majorée de votre marchand de bottines et des confidences sur la scène que votre maîtresse a eu l’inconvenance de vous faire dans un café.

Je n’exagère rien. Il faut y avoir passé. Je sais, pour ma part, certaine note de plomberie que l’on m’a présentée deux ans après la mort du plombier et que je dus payer à sa veuve intégralement, lassé que j’étais d’avoir à me rendre