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DE STOCKHOLM À MONTMARTRE

rait point et qu’il avait de qui tenir. Je lui parlais de son père ; nous fûmes les meilleurs amis. Il me confia que le baron avait exigé ce voyage à Paris, qui devait achever son éducation, et qu’il avait cru de son devoir, en enfant docile, de ne point laisser passer un bal à l’Élysée sans y venir étudier de près la haute société de la troisième République.

— Et qu’en pensez-vous ? lui demandai-je avec curiosité.

— Mon père, monsieur, me dit-il, m’a parlé souvent des fêtes de l’Empire et des réceptions aux Tuileries. Je ne sais si elles étaient plus brillantes, et peut-être y voyait-on moins d’habits noirs, mais je ne pense point qu’il s’y trouvait plus d’uniformes.

Il ajouta, après un regard rapide sur l’assemblée, et, tout au fond, sur l’École polytechnique, qui évoluait dans les quadrilles :

— Vous autres, Français, vous avez beau changer de régime, vous avez toujours un faible pour l’armée. Elle est de toutes les fêtes.

Il était deux heures du matin quand le fils du baron de G…, qui venait de luncher dans les salons du premier étage, me prit sous le bras et me dit :

— Venez ! nous allons souper à Montmartre.

Je crus inutile de lui faire observer qu’il ne