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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/23

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LA MAISON DÉSERTE


Bien n’inspire autant de tristesse que l’aspect d’une maison déserte.

Ce fut le sentiment que j’éprouvai en revoyant naguères la mienne, que je n’occupe plus et dans laquelle je ne puis me résoudre à voir des étrangers.

J’y arrivai dans mon enfance, je quittai la jolie petite ville où je suis née, et grande fut ma surprise en voyant les fortifications qui existaient encore à Angers à cette époque. J’entrais par la porte Lyonnaise, il y avait là un vieux bonhomme paralytique, assis dans une petite charrette, il y passait sa vie, regardant d’un œil impassible entrer et sortir les baptêmes, les mariages et les enterrements. Beaucoup d’entre nous ne font pas autre chose.

La maison où j’entrais, pour la première fois, me parut assez sombre, les dernières roses s’épanouissaient dans le petit jardin situé derrière ; on était au mois de septembre. En y revenant aujourd’hui, j’y retrouve mille souvenirs. Voici, au rez-de-chaussée, le salon où nous étions réunis, tous en pleurs, le matin qui suivit la mort de mon père.