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Ce dernier s’était attaché à sa nièce Azélie, qu’il avait élevée avec une extrême tendresse, réalisant tous ses désirs et ne s’opposant jamais à l’exécution de ses volontés les plus folles.

Azélie était douée de toutes les séductions ; sa beauté, son intelligence, son caractère ardent et passionné, et jusqu’à la légèreté et l’inconstance de ses goûts en faisaient une créature adorable. Mais sous ces dehors attrayants, Azélie cachait une nature astucieuse et perfide. Sa beauté et son titre d’héritière future de la fortune de son oncle, lui attiraient de nombreux adorateurs. Elle se plaisait à ces conquêtes faciles, dont le nombre augmentait chaque jour.

Cependant, sans repousser ces hommages, Azélie ne paraissait en préférer aucun. On disait que son oncle, Emmanuel Mendoce, désirait secrètement qu’Azélie épousât son cousin Ambrosio, afin que sa fortune fût réunie sur leurs deux têtes et que son nom fût perpétué par cette alliance. Cependant l’absence d’Ambrosio et son peu d’empressement à se rendre près de sa cousine ne justifiaient guère ces prévisions.

Ce fut au bal que je vis pour la première fois Azélie, et que j’en devins passionnément amoureux. Elle parut d’abord encourager ma recherche, mais sa coquetterie et son inconstance étaient telles, que souvent l’espoir de la veille était détruit par la déception du lendemain.

Ces défauts, loin d’affaiblir mon amour ne firent que l’augmenter par les obstacles que j’entrevoyais d’ailleurs ; car, Emmanuel Mendoce, sans refuser la demande que ma mère avait faite de la main de sa nièce, avait allégué sa grande jeunesse et remis à un temps assez éloigné sa réponse définitive. J’attendais, partagé entre l’espoir et la crainte, lorsqu’Emmanuel mourut subitement.

La douleur d’Azélie fut extrême, elle aimait son oncle comme un père, elle voulut passer le temps de son deuil