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dans le couvent où elle avait été élevée ; tandis que son cousin, Ambrosio, arrivait en hâte pour l’ouverture du testament.

Cet acte instituait Azélie sa légataire universelle, à la condition qu’elle épouserait son cousin, dans le cas où elle refuserait de se conformer à cette intention, elle devait donner à son cousin une somme égale au quart de sa fortune ; et si, au contraire, le refus venait d’Ambrosio, il ne devait avoir aucun droit à la somme léguée par son oncle ni à la succession de ce dernier. Une autre clause ajoutait que si Azélie mourait sans enfants, la fortune d’Emmanuel Mendoce retournerait à Ambrosio, seul descendant de la famille Mendoce, dont il devait perpétuer le nom. Quoique cette clause pût devenir le motif d’un procès, elle fut librement consentie par les deux parties intéressées.

Malgré la jeunesse et la beauté d’Ambrosio, Azélie refusa de l’épouser. J’y vis le motif d’une préférence qui prenait peut-être sa source dans l’orgueil, car Ambrosio était sans fortune et la mienne était considérable. Cependant Azélie voulut prouver son désintéressement en offrant à son cousin de partager avec lui la fortune dont elle était héritière, mais celui-ci refusa avec fierté et ne voulut accepter que le legs auquel il avait droit.

Peu après, d’heureuses spéculations doublèrent sa fortune, et il ne parut regretter ni la main de sa cousine, ni la fortune de son oncle. À la vérité, son caractère était si dissimulé, qu’il était difficile de connaître s’il conservait de la haine ou de l’affection pour Azélie.

À l’expiration de son deuil, Azélie consentit à m’épouser, et notre union fut consacrée dans la chapelle du couvent, qu’elle ne quitta que pour venir habiter l’hôtel que je lui avais fait préparer. Malgré nos instances, Ambrosio refusa d’assister à notre mariage et s’en retourna en Espagne.