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Page:Leroyer de Chantepie - Chroniques et Légendes.djvu/56

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croyaient l’unique héritier de son oncle et qui, du moins, supposaient que sa cousine, à laquelle il était substitué par le testament, était très-âgée, en apprenant le contraire, avaient refusé de donner leur consentement au mariage.

Ce fut après cette déception, que je n’appris que longtemps après, que Ambrosio revint à Cuba, et se décida à demeurer dans une habitation, située dans les terres et très-éloignée de la ville, où il venait rarement. Il était donc resté étranger à tous mes chagrins et au trouble qui venait de détruire mon bonheur domestique.

Je refusai longtemps de croire à la trahison d’Azélie, comme le malheureux qui se rattache à une dernière espérance, je ne voulus accuser Azélie que de légèreté et d’inconséquence.

Une lettre anonyme que je reçus m’ôta cette dernière illusion. Il devait y avoir un grand bal chez le gouverneur, tout le monde parlait de cette fête, et le comte de Varennes ne pouvait manquer d’y assister, surtout en qualité de parent du gouverneur. Je savais qu’A’Zélie désirait vivement aller à ce bal, dont elle devait être la reine. J’hésitai à l’y accompagner, lorsque je reçus la lettre qui me révélait les entrevues secrètes d’Azélie et du comte, et qui contenait un billet de cette dernière, dans lequel elle donnait un rendez-vous au comte pendant le bal, avec des expressions qui ne pouvaient laisser aucun doute sur la trahison dont j’étais l’objet.

Je voulus d’abord accabler Azélie de reproches et m’en séparer pour jamais ; puis j’espérai, qu’en l’éloignant du comte, je pourrais la ramener à de meilleurs sentiments, et dissimulant ma fureur, je résolus de tenter une dernière épreuve. Je feignis une affaire qui m’appelait sur notre habitation, et je fis promettre à ma femme qu’elle n’irait pas au bal ; elle me le jura avec une apparence de sincérité qui faillit détruire tous mes soupçons. Persuadé, d’ailleurs, qu’elle ne pouvait se présenter seule à ce bal, je sortis,