Page:Les Œuvres d’Horace - Odes, Satires, Épîtres (traduction Jules Janin), tome 2, 1878.djvu/17

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mourant de faim sur un tas d'or, ton idole ! On ne regarde pas autrement un tableau dans son cadre, un dieu sur son autel.

L'argent, ... riche idiot, tu ne sais donc pas quel esclave tu possèdes là ? A ton premier ordre, il t'apporte du pain, du vin, des légumes, toutes les choses indispensables; mais ne gagner à être riche que des nuits sans sommeil, des jours sans repos, la crainte des voleurs, la peur du feu; dans chaque esclave entrevoir un pillard et un fugitif.... Si cela s'appelle être riche, ... ô dieux ! délivrez-nous de cette fortune.

Oui; mais si la fièvre ou tout autre mal tombe en ton corps endolori et sur ton lit te cloue, alors va chercher qui t'assiste, et qui te veille, et qui te prépare une potion, qui te recommande au médecin: « Hélas! sauvez-le ! je vous en prie, au nom de ses enfants, au nom de ses parents les plus chers ! »

Que dis-tu ? mais toi, qui parles, ta femme et ton fils te voient déjà dans le tombeau  ! Tu es l'horreur du quartier; qui te connaît te hait, jusqu'aux enfants, jusqu'aux fillettes ! Quoi ! tu voudrais, toi qui préfères l'argent à tout le reste, être aimé sans qu'il t'en coutât un peu de sympathie et de tendresse ? Oui-da ! te faire aimer de tes plus proches parents sans y mettre un peu du