Page:Les Œuvres libres, numéro 13, 1922.djvu/177

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Naudin sentait bien que, dans un pays si neuf pour lui, il avait besoin d’un guide et que, laissé a lui-même, il ne saurait pas découvrir les charmes secrets de Tiflis.

Force lui fut de prendre patience et il consacra ces trois jours « rayés de ma vie », disait-il, à parcourir la ville et à se familiariser avec les lieux où il se, promettait tant de bonheur. Bien qu’il fût seul et qu’il n’eût pas beaucoup de ressources en lui-même, Alexandre Naudin prit plus de plaisir qu’il ne l’espérait à visiter Tiflis.

Il parcourut les bazars et la vieille ville où la Koura est serrée entre les murs d’antiques maisons ; il flâna dans le quartier persan, s’aventura jusqu’au pittoresque jardin botanique installé dans les ruines de l’ancienne forteresse des chahs Séfévis. Il y but du kéfir, boisson qu’il jugea fade. Vers les six heures, il se promenait sur la perspective Golovine et goûtait chez le pâtissier français de l’endroit où il bavardait un moment. Malheureusement les théâtres étaient fermés et les soirées lui parurent longues. Et cela d’autant plus que la chaleur dans la journée était excessive ; qu’après une matinée passée à courir la ville, il faisait comme tous les habitants de Tiflis une longue sieste après déjeuner et, ainsi reposé, se trouvait peu désireux, le soir, de se coucher de bonne heure.

Mais Tiflis ne possédait pas un jardin comparable à celui de Vladicaucase.

Ses trois jours de purgatoire prirent fin et à la date fixée, il eût le plaisir de rencontrer le capitaine Ivan Iliitch Poutilof. C’était un jeune homme d’à peine trente ans, déjà couvert de décorations et auquel le plus brillant avenir militaire paraissait assuré. Il témoigna un grand plaisir à faire la connaissance de son frère d’armes français. A voir la façon dont il le reçut et dont il décida de se consacrer à lui pendant