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antoine déchainé

quer !… » Alors, vous pouvez vous f… dans le vôtre. Je vais, comme toujours, faire tout moi-même.

— Mais, patron…

— Plus de discours ! La moitié du travail du cinéma qui devrait être muet, ce sont les discours… Où est votre voiture ? Vous n’avez pas renvoyé votre voiture ?

— À la minute !

— Ça, c’est effarant !… Maintenant il faut retourner au Forum !… Et j’ai un mal de reins ! Je sens que je vais crever dans la rue !

— Patron… vous n’êtes pas raisonnable, chantonne le régisseur.

Antoine se retourne, fumant :

— Habituez-vous donc, mon vieux, à des phrases qui veulent dire quelque chose ! Je suis ici pour faire un film : je cherche à faire un film.

— Est-ce la peine de vous tuer ?

— Ça n’a aucun rapport ! Taisez-vous, allez.

Voilà une autre voiture… mais il n’y a pas de cocher ! Benjamin, montez avec moi !

Le régisseur met sa main en porte-voix :

— Eh là ! Un cocher !

Un grand diable au teint brûlé, aux cheveux ardents, aux mollets nerveux, se tient à deux pas et dévisage Antoine en riant. Antoine l’interpelle :

— Qu’est-ce que tu as, toi ? Trouve-moi donc un cocher au lieu de te f… de moi.

— Voilà, monsieur Antoine ! réplique l’autre en éclatant de rire.

— Ah ! elle est forte ! dit Antoine. Comment est-ce qu’il me connaît, celui-là ?

Et il le regarde en deux bonds gagner l’autre bout de la place.

— C’est épatant comme il est foutu !

L’autre revient, riant toujours.

— Et cette gueule ! dit Antoine. Il sort du bagne, ce type-là !