Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/171

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vulsait ses globes oculaires sous les orbites. Ce qui le rendait hideux.

Après quoi, détendu par cette manifestation nerveuse, il déclara posément :

— Je déteste parler science dans un salon, madame. Sachez seulement que ces travaux portent sur les animaux inférieurs, et accordez-moi le crédit d’être sincère. Au surplus, si vous continuez à douter de ma parole, ajouta-t-il avec un sourire qui était un rictus, eh bien, confiez-vous à moi, et peut-être parviendrai-je à faire réellement de vous le personnage que votre ridicule accoutrement a la prétention d’indiquer.

— Je ne suis pas un animal inférieur... balbutia la baronne, vexée.

Cette querelle jetait un froid. Pour éviter un esclandre, je crus bon de parler à mon tour. Je voulus généraliser un débat qui, laissé à ces deux caractères excessifs, prenait une tournure inquiétante. Bien que peintre, et de ce fait asservi à la précision, je possédais cependant la facilité d’élocution d’un avocat, et il ne me déplaisait pas, au surplus, de briller devant Rolande.

— Certes, docteur, ces expériences sont curieuses, affirmai-je. J’ai lu cette communication à l’académie des Sciences : c’est bien le têtard, n’est-ce pas ? dont on intervertit le sexe en le plaçant, au moment de son évolution, dans certaines conditions alimentaires ?

— Cette découverte ne m’appartient pas, déclara Tornada. Elle a été présentée à l’académie par M. Edmond Perrier. Mais, moi, j’ai poussé les choses plus loin...

Il ramassa les tortillons de sa barbe, les caressa lentement, et ajouta :

— Beaucoup plus loin... on rira peut-être un jour...

Puis il ne desserra plus les lèvres, comme s’il