affaire faite, votre prodigieux talent m’a mué en femme : je n’ai qu’a m’incliner et nous n’en parlerons plus. Oserai-je toutefois vous demander quelques éclaircissements ?
— Tout à votre dévotion, mignonne. Sur quoi ?
— Sur la façon dont vous avez procédé.
— Sur la façon ?... mais, de la façon la plus scientifique.
— Je n’en doute pas. Toutefois, voyons... cela est très difficile à exprimer...
— Allez donc !... m’encouragea-t-il. Vous pouvez considérer que nous sommes encore entre hommes...
— Eh bien, monsieur le professeur, vous connaissez certainement l’histoire d’Abélard ?
— Qui ne la connaît !
— Suis-je tout simplement... comparable à Abélard ?
— Absolument pas. Vous n’êtes pas un homme incomplet : vous êtes une femme complète.
— Comment cela se peut-il !
— Cela se peut en enlevant vos organes créateurs et en les remplaçant par ceux d’une femme.
— Ceux d’une femme !... mais alors... vous avez fait une autre victime !
— Il l’a bien fallu.
— Vivante ?
— Vivante.
— À qui vous avez...
— Greffé ce que je vous enlevais, c’est très simple.
— Et cette autre personne a supporté...
— L’opération ? aussi bien que vous.
— Ah ! par exemple !
Ainsi, cette chose fantastique s’était passée ! Je portais en moi l’appareil générateur d’une femme inconnue, et il existait autre part, peut-être dans la chambre voisine, une étrangère qui se guérissait comme moi d’une monstrueuse subs-