Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/220

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— À quand, ma poulette ?... questionna Robert, au moment où je pressais le bouton de ma sonnette.

— Au plus tôt... à demain... ne me laissez pas... m’étonnai-je de lui dire, en mon ressentiment.


V


Notre brouille ne dura pas. Deux jours après, Rolande accourut chez moi et se jeta à mon cou.

— Ma chérie, dit-elle, je viens vous demander pardon. Je reconnais que j’ai été méchante avec vous et imprudente avec M. Rimeral. Je ne devrais pas aller à son rendez-vous ; mais ce qui est promis est promis. Soyez convaincue, toutefois, que si je peux redouter son audace, je n’ai rien à craindre de moi-même. Je veux rester une honnête femme.

— N’y allez pas, Rolande ! suppliai-je. On ne sait jamais où peut entraîner la surprise, la violence, la minute d’égarement, de faiblesse. Alors, que d’amertume, de regrets !... Vous me parlez souvent de mon frère Georges ; vous tenez à son estime... Que dirait-il s’il apprenait ce que vous allez risquer auprès d’un homme indigne de vous !

Evocation magique ! Je l’avais touchée au point sensible.

— Vous y tenez tant que cela ?

— Pour George... pour vous, oui.

— Eh bien, c’est entendu : je n’irai pas.

Je battis des mains, et d’un nouveau baiser elle scella notre réconciliation.

— Pour vous récompenser, lui dis-je, je vous ménage une surprise et vous emmène avec moi.

— Où cela ?

— Dans un jardin secret, dont vous êtes la fleur magnifique.