Page:Les Œuvres libres, numéro 7, 1922.djvu/236

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fection de la nature, sortie sublime de son scalpel et de ses pratiques. Le rapin, étonné de sa repartie, se retournait sur lui, prêt à riposter vertement, lorsque Tornada nous aperçut et bondit vers nous, chapeau bas. Puis il baisa la main de Rolande et la mienne.

— Eh bien, docteur, fit M. Variland, vous aussi, vous êtes accouru voir la merveille !... Vous savez qu’elle est de mademoiselle Sigerier, cette Femme au masque ?... Et qu’en dites-vous, vous qui êtes un anatomiste ?

— Je dis, proféra lentement Tornada, que je ferais volontiers son autopsie...

Je frissonnai. Mais il reprit aussitôt, s’adressant spécialement à moi :

— : Oh ! rassurez-vous...- plus tard... bien plus tard... quand elle sera morte... et j’ajouterai : morte de sa mort naturelle.

Mais aussitôt il changea de sujet, déplora la médiocrité des envois, la complaisance du jury, la décadence de l’art, sauf quand se révélait un tableau comme le mien. Après quoi, laissant Rolande et son mari devant ma toile, il nous entraîna familièrement à l’écart, Robert et moi :

— Eh bien, les amoureux, ça s’arrange-t-il ? Savez-vous que je suis très heureux de vous trouver ensemble ?... Vous êtes si mignons tous deux !... vous allez faire un de ces couples !... Et dites-moi : à quand le mariage ?... il ne faut plus que ça traîne, vous savez... et dès que la nature le permettra...

Nous lui confiâmes notre récente décision : pour septembre.

— Septembre, accepta-t-il, c’est la bonne limite. Mais il faut rester sage jusque-là, ma petite Georgette. Vous m’entendez ? plus sage encore que la vierge Marie... qui ne pécha pas, mais qui conçut... et dame ! la conception n’est jamais à brusquer...