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appellent, je crois, leurs églises, les livres et les objets consacrés à leurs mystères, ou bien refusent de les abandonner au séquestre ?

— Sous Valérien, on fut dans ce cas obligé de faire quelques exemples : moins qu’ils ne disent ; pas assez ; la multiplication des adeptes, depuis trente ans, ne le prouve que trop… Mais il faut que les lois de Sa Divinité Impériale soient obéies !…

Eutropia, dès la première allusion, à la personne de l’Empereur divinisé, avait, selon, le cérémonial en usage, salué en portant les mains en avant de son corps. En même temps un projet venait de germer dans son esprit. Les événements qu’on envisageait ne pourraient-ils servir la vengeance que jusqu’à ce jour elle avait dû remettre ? Après une profonde inclination devant Hortensia, un baiser d’adieu, à sa fille, étendue sur un lit de repos, des vœux pour l’enfant qui portait déjà, sur ses langes, la bulle d’or des jeunes patriciens, elle écartait quelques instants plus tard, les rideaux de sa litière :

— Tu connais, dit-elle à un esclave de sa suite, une Barbare, nécromancienne, qui s’appelle Ordula ?

— Elle vient parfois dans ta maison, Maîtresse. Je la connais, et sais où la trouver.

— Va la chercher. Amène-la-moi — à l’heure de none. Fais-la passer par la porte des cuisines, donne-lui à manger. Et puis dis à une de mes femmes de la conduire jusqu’à mon gynécée. Ne parle de ceci à personne…

Le gouverneur Pérégrinus avait reçu en effet l’ordre d’exécuter l’édit. Durant qu’Hortensia accueillait les visiteuses venues pour honorer