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enfant qui se voulait cramponner à sa mère. Sur un autel grossier, mais couvert d’une étoffe de lin immaculée, les diacres disposèrent le pain rituel, les calices déjà préparés, les cachèrent sous un voile blanc ; et deux assistants, de chaque côté, des palmes à la main, chassaient les mouches, comme pour un souverain dont il est convenable d’assurer le repos.

Onésime avait revêtu une éclatante dalmatique :

— Mes frères, ne devons-nous pas rendre grâces au Maître ?

— Il le faut, criaient les chrétiens. Il le faut ! cela est nécessaire et juste ! Ô Seigneur, seul Dieu qui réellement existe !…

Onésime commença l’invocation eucharistique. Ce Dieu tout-puissant, lui, prêtre consacré, doué d’un pouvoir à peine inférieur au sien, il l’appelait, le montrait, le faisait voir ; il le glorifiait, avant de le rendre présent, dans son inaccessible majesté, dans ses bienfaits envers sa création, dans tous les miracles de l’Ancien Testament. Il résumait, illustrait son histoire, l’évoquait au milieu des Esprits, des chérubim monstrueux, des séraphim, de toute sa cour resplendissante, éternelle.

Et l’assemblée, dès lors persuadée de cette Présence, répondait :

— Oui, il est saint, il est saint ! Saint, saint est le Seigneur !

L’invocation reprenait. C’étaient les mêmes choses que les chrétiens avaient déjà entendues, lors des célébrations précédentes, mais avec d’autres mots, une recherche acharnée, enivrée, de la réalité dans la vision, un poème inouï, plein de cris, aux images perpétuellement renouvelées :

« Ce Dieu sans bornes s’est donné des bornes, il s’est fait chair, et s’est fait homme. À son der-