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pour qu’ils y consentissent, vinrent chercher les corps des suppliciés afin de leur donner une sépulture honorable et pieuse. Philomoros et Céphisodore étaient présents. On leur demanda le nom de cette jeune fille. Ils répondirent qu’elle s’appelait Myrrhine, et c’est le nom que l’on grava sur son tombeau quand elle fut ensevelie avec les autres victimes de cette dernière persécution.

Près de mille ans plus tard, Guillaume-Guigues de Bocfozel, évêque de Riez en Provence, qui s’était croisé par piété avec Villehardouin, sénéchal de Champagne, Baudouin, comte de Flandres, Boniface, marquis de Montferrat, et venait d’enlever Constantinople aux schismatiques grecs, reçut en fief de son bon compagnon Guillaume de Champlitte, à cette heure comte de Morée, une partie de l’Achaïe. Cela lui plut grandement pour les forêts qu’on y peut voir, car il était aussi bon chasseur que plein de religion et preux homme d’armes. Ce prélat guerrier, qui venait d’acquérir plenté d’or et d’autres dépouilles au pillage de la ville des Empereurs, n’était pas moins ardent à se procurer des reliques saintes que des richesses temporelles. Débarqué à Corinthe, il apprit d’un Vénitien que, dans la crypte d’une église fort ancienne, du reste à son goût bien laide, se trouvait depuis près de dix siècles, à ce qu’on affirmait, la sépulture d’une martyre très révérée, miraculeuse. En effet, ayant ordonné qu’on levât les dalles qui formaient le plancher d’une chapelle souterraine, les esclaves à son service mirent à jour un caveau où reposait une pierre en forme de tombe, aux quatre parois taillées à tête de