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diamant. Ils en ôtèrent le couvercle, au chevet duquel on lisait, en lettres helléniques, un nom :

MYPPINA

Cette pierre était, de part en part, traversée aux quatre coins de barres de fer bien rondes, cimentées dans leurs mortaises avec du plomb fondu qui la fixaient au rocher dont était fait le sol du caveau. Les ossements que contenaient cette tombe s’étaient affaissés, mais ils étaient intacts. La tête séparée des vertèbres avait été replacée près du col. Le myre et les prêtres qui accompagnaient Guigues de Bocfozel tombèrent d’accord que ce squelette était celui d’une femme encore jeune. Après une fervente prière, sur l’ordre de l’évêque ils commencèrent de recueillir débris par débris, prenant bien soin qu’il n’en put manquer un seul fragment, ces restes précieux d’une si grande sainte. Ayant retiré les côtes, qui étaient demeurées à la place que leur assigne la nature, ils distinguèrent tout au fond les restes d’un embryon de quelques mois.

Les experts religieux qui, sous les yeux de Guigues de Bocfozel, rédigèrent le procès-verbal de l’invention des reliques, déclarèrent que, puisqu’il ne se pouvait agir que d’une vierge, cette frêle chose qui, sous leurs doigts, s’était réduite en une impalpable poussière, ne pouvait provenir que d’une indue translation de corps, opérée par des mains injurieuses ou négligentes après l’inhumation de la bienheureuse. Mais il est aussi permis de croire que le grand désir de Myrrhine, qui aurait tant voulu, tant voulu, jouer avec un petit enfant, dans le moment que le bourreau lui trancha la tête était près de se réaliser.